Ce matin lundi 11 décembre, le malheureux œuf de mon petit déjeuner, blanc, catégorie 3, mérite un dernier hommage.
Un hommage ? Pour un œuf ?
C’est que, voyez vous, aujourd’hui est son dernier jour, la date limite de consommation de ce petit œuf. Il mérite donc que l’on s’attarde sur son parcours qui l’a conduit de sa poule à mon coquetier.
Il fut donc pondu au Royaume du Danemark, par une poule danoise du moins on le présume. Là où l’aventure commence à être singulière, c’est qu’il fût mis en boîte le 9 septembre 2017, stocké, chargé en conteneurs sur le cargo danois de la Compagnie Royal Arctic Line. Il a traversé les mers grises du Nord depuis Copenhague pour arriver enfin ici dans le Scoresby Sund. Nous étions alors en octobre, second et dernier bateau ravitailleur de l’année, ce fameux bateau rouge dont l’arrivée estivale est une fête.
Quel rapport étrange entre un œuf, fût-il à la coque, et un sapin de Noël ?
Ils ont partagé le même bateau rouge. Le sapin de la ville, déchargé en même temps que les innombrables boîtes d’œufs, est resté au frais jusqu’au premier jour de l’Avent. Mais la municipalité et le Père Noël ont été bien contrariés. Une erreur dans la commande annuelle, et voilà que le sapin fait la moitié de la taille habituelle.
Et depuis, chaque jour, le magasin Pilersuisoq retire des entrepôts les boîtes d’œufs, blancs, catégorie 3, pondus le 9 septembre, pour les proposer au prix pas modeste du tout de 3,80 € la boîte de 6.
Jusqu’à aujourd’hui.
Bientôt peut-être d’autres œufs nous arriveront en avion, pondus en Islande toute proche, déposés ici par les deux hélicoptères hebdomadaires. Toujours blancs, catégorie 3. Ils seront bien plus frais, et bien plus chers.