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Promenade dominicale

Depuis quelques jours j'éprouve une envie irrésistible de m'évader du village. Partir respirer l'air des vastes espaces, au-delà des frontières invisibles qui cernent Ittoqqortoormiit. L'effet de la nuit selon les gens d'ici. Alors, un beau dimanche, j'enfile salopette fourrée, parka et moufles.

Je marche jusqu'à la maison de Aqqalu, jeune géant au sourire inaltérable. Ses chiens sont parmi les plus beaux du village. Il est déjà 11 heures ce dimanche matin, mais la lampe frontale est bien utile pour atteler les 13 chiens au lourd traîneau. Un travail d'expert, rondement mené dans une excitation indescriptible. Les chiens bondissent à la verticale malgré la chaîne en hurlant comme des fous. Les trois chiots de la meute ne sont pas en reste, ils promettent déjà une belle puissance.

traîneau, attelage, chiens, banquise, Ittoqqortoormiit

Le cœur en fête, je m'installe bien droite sur l'épaisse fourrure de bœuf musqué qui vaut tous les matelas du monde. Aqqalu libère la corde qui ancrait l'attelage, saute allègrement malgré son imposante stature sur l'avant du traîneau et en un éclair les chiens dévalent la pente raide qui descend jusqu'au chemin de la baie des morses. La neige légère tourbillonne à notre passage. Et moi je m'accroche fermement d'une main pendant que je me risque à sortir l'autre de sa moufle, armée de la camera miniature. Je suis hilare, c'est certainement cela le vertigo polaire. Un souffle puissant de liberté m'envahit et ça me va bien.

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D'un geste vif Aqqalu passe deux grosses tresses de cordage sous les patins et le traîneau ralentit un peu l'allure. Enfin nous franchissons les limites de mes balades quotidiennes. Baie des Morses, nous voilà !

Le terrain est assez plat maintenant. Sous la couche de neige encore trop fine, on voit la bande sableuse qui sépare la mer de la lagune de cette vaste baie. Prudemment, Aqqalu conduit l'attelage en restant sur la terre ferme. La neige n'a pas encore couvert la jeune glace de banquise du manteau si confortable aux pattes des chiens. Il donne de la voix : Iliii ! Iliii ! à tribord toute !

Nous arrivons de l'autre côté de la baie, sous les montagnes jaunes. Non loin sur la banquise, un chasseur, statue immobile, guette le trou de respiration d'un phoque. Une moto neige puis deux nous doublent, un large salut de la main. Une chasse au bœuf musqué certainement, c'est le dernier jour pour cette session d'hiver.

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Mon guide toujours souriant frotte ses joues mordues par le froid. Il décide d'une halte, l'un des chiens s'est détaché et court à côté de l'attelage depuis un bon moment déjà. La meute en profite pour se rouler avec délectation dans la neige et ainsi se refroidir des efforts de la course. Il seront plus calmes au retour.

Mais moi, j'ai toujours la tête dans les nuages de la nuit arctique.

Commentaires

  • Sympa ton fauteuil-luge Récamier fourré de chaudes pelisses et ta joyeuse meute de porteurs, sans parler du cocher! Merci de cette belle balade Dominiquale , je m'y suis crue un instant et j'ai même aussi partagé ton vertigo polaire.
    Bises

  • La chasse aux boeufs musquées est elle reglementée? La fourrure est extraordinairement epaisse. Est ce qu'elle se vend sur place? Toujours très interessant!! Merci!

  • Oui, Hélène, la chasse au boeuf-musqué est très réglementée. J'ai d'ailleurs prévu une publication sur cette chasse si particulière, dans peu de temps ! Vous saurez tout, de la chasse eux recettes de cuisine jusqu'au filage de la laine extraordinaire...

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