L’hélicoptère prend son dernier virage au dessus de la baie des morses. Dans quelques minutes, il se posera enfin sur la piste étroite qui domine le village. Une idée, fulgurante, traverse mon esprit embrumé : le commencement de la vraie vie.
A première vue, cette pensée semblera au mieux bizarre, au pire insensée aux yeux de mes filles, de mes petites filles, de mon amoureux, de ceux qui connaissent et mon âge et mon parcours de vie. Serait-ce le début du Vertigo Polaire ? Ou plus prosaïquement l’aboutissement d’une longue attente qui explose dans un crépitement de feu d’artifice ?
Il y a eu la longue période de préparation, les listes interminables de « To Do » qui se rallongent à l’infini, les vérifications de matériels, il a fallu s’arracher de son cocon douillet mis en location, se glisser dans un autre univers, essayer de se concentrer dans toute cette agitation, soigner cette cheville récalcitrante, enchaîner les soirées d’adieu, le dernier verre avec les amis qui jalonnent votre jardin de la direction à prendre...
Et puis est arrivé ce moment curieux du point de non-retour, il faut partir c’est inéluctable. Le sol se dérobe, l’estomac se retourne, les jambes se dérobent mais on continue de faire la fière. Arque-bouté dans l’attente du départ, on rêve d’un accident de parcours qui vous retiendrait malgré vous.
Rêve psychédélique à l’aéroport de Reykjavik
Enfin ce voyage rockn’roll, le premier essai de l’hélicoptère, la nuit de tempête dans la base vie de l’aéroport Nerlerit Inaat - le territoire des oies entre montagne et bras du fjord.
en attendant l’hélico
vision matinale à l’aéroport Nerlerit Inaat
Oui, c’est maintenant et ici que commence la vraie vie, à prendre à bras le corps, se gorger de sensations nouvelles jusqu’à satiété. Mais d’où vient ce sentiment d’urgence ?
Commentaires
Merci Dominique, de partager avec sincérité ce sentiment. Sentiment que je connais si bien, comme d'autres voyageurs... toujours l'angoisse de ne pas pouvoir partir, et l'urgence de vivre du nouveau ailleurs...le plus dur est d'arriver à ralentir sur place pour en profiter, et de ça aujourd'hui vous montrez que vous avez la sagesse, alors oui profitez profondément de chacune de ces secondes de nouvelle vie, car s'en est une.
La vraie vie, fichtre ! rien que ça... je suis impressionnée ! du coup, je me lance à écrire ma petite ligne directement sur ton blog (au lieu de t'écrire sournoisement un mail séparé à toi toute seule). Mais l'admiration est si forte que ça donne envie de la partager avec tes proches qui me lisent. Sacrée Dom Sim, après les années professionnelles chez Alstom, tu continues à me bluffer dans ton coin de banquise. Bises chaleureuses, accompagnées de moufles, de chapka et de bottes fourrées.
Le départ est difficile mais l'aventure grandiose, la découverte palpitante, le nouveau déconcertant. Gave toi de couleurs, d'odeurs, de rencontres, de sourires et raconte nous, on attend, on t'attend.
Une aventure hors du commun ... C est cela que te disaient tous les petits signes du départ. On va vivre une aventure hors du commun ... Et j espère que cette aventure sera belle .
Belle aventure et belle journée à toi . Merci de partager .....
Merci pour ce partage!! Je ne sais dans quel cadre vous avez organisé ce séjour mais pour moi c'est la definition du voyage. S'installer là ou va votre interet pour une période longue. Je connais ce village groenlandais, mais je n'y ai passé qu'une journée, pas le temps de comprendre, de connaître, etc. Donc bravo et bonne chance!!!
merci de ces mots sensibles, Hélène. En fait pour répondre à votre question, il n'y a pas de cadre du tout à cette expérience, les motivations sont un peu expliquées dans la page "à propos" du Blog mais j'aurais certainement l'occasion d'y revenir, à bientôt !
Urgence
Ce mot me rappelle la phrase d'Edgard Morin qui disait : " À force de sacrifier l'essentiel à l'urgent, nous avons oublié l'urgence de l'essentiel"
C'est bien là le fond du problème et tu y réponds de la meilleur façon ma chère Dominique car l'urgence c'est l'essentiel et il se trouve en partie sur la rive de ce fjord magnifique où tu as choisi de poser tes bagages
très juste citation, je la garde en mémoire, merci !