J’attendais ce moment avec un mélange de curiosité, de jubilation et de perplexité. Le soleil disparaît, que va devenir ce monde de glace ?
Mercredi 22 novembre
lever du soleil 11h48
coucher du soleil 12h39
crépuscule : 9h13 – 15h13
léger vent de Nord
température : -10° C
Il s’est levé au Sud, puis s’est couché au Sud. Il a dansé une petite heure sur un arc de cercle de quelques degrés, joué à saute-mouton au ras d’un horizon plombé de nuages sombres et nous a dit adieu, je pars en vacances.
N’étant pas incas, nous savons que la disparition du soleil n’apporte pas nécessairement la fin de l’univers. Pourtant, un monde sans soleil est si difficilement concevable. Que sera cette longue nuit de deux mois, faudra t-il affronter les effrois enfantins de la peur du noir, et comment se réchauffer l’âme ?
Les éphémérides et la science des astrophysiciens nous rassurent. Certes le soleil vu d’ici n’aura plus ni lever ni coucher mais il restera juste sous l’horizon pendant quelques heures chaque « jour ».
Notre belle et riche langue française distingue l’aube matinale et le crépuscule d’avant la nuit. Pour les astrophysiciens, un seul mot désigne ces heures où le soleil n’étant pas bien loin sous l'horizon, il diffuse une certaine lueur pâle : crépuscule, twilight en anglais. Un dessin valant mieux qu’un long discours, voici un joli schéma piqué sans vergogne sur le web.
Il est temps pour moi de passer à la phase expérimentale de la nuit arctique. Un dernier bain de soleil, un adieu à mon ombre que je ne reverrai que le 18 Janvier 2018, et voilà que les derniers instants du soleil dessinent en ombres chinoises les silhouettes géantes des icebergs à l’entrée du grand fjord. En disparaissant derrière les montagnes de la rive Sud, il laisse sur la banquise incertaine d’étranges marbrures vertes et mauves.
C’est fini, il est parti réchauffer les amis de l’autre côté de notre planète, réunissant dans un même rayon « la magie renouvelée des pôles, ces deux cerveaux qui nous guident au-delà de nos identités en nous fondant dans le grand Tout ». Tels sont les mots du poète Jaakusi Siksik.
(à suivre)
Commentaires
Bonne nuit :).
Chère Dominique, j'ai hâte de savoir, quelles capacités tu vas développer, à quelles forces tu vas faire appel pour t'adapter à ces jours sans lumière (évidemment je suis confiante).
Je suis aussi impatiente de savoir si, outre leurs habitudes, le tempérament des autochtones va changer.
Et puis, et puis... vas-tu développer des yeux de chat ?
Une certitude : tu n'es pas seule dans la nuit. On te suit !!!
Amitiés bretonnes
Chère Ann,
le message du jour te diras que la "nuit arctique" n'est pas si noire mais pleine de belles couleurs, du moins pour le moment ! Et je crois n'avoir développé qu'une seule force d'adaptation : le sommeil. C'est fou ce que l'on peut dormir ici et il semble que je ne sois pas la seule. Un très grand merci pour tes messages réconfortants, vu d'ici ce sont des petits moments précieux.