Le vent se lève, soulevant des dentelles de neige, tiens la lune est de retour pour cette nuit du 25 décembre. C'est alors qu'une zébrure verte surgit juste derrière la colline du cimetière. Le ciel nocturne serait-il lui aussi de la fête ?
Un ciel déjà étoilé en cette fin d'après midi, un petit vent bien frais, il règne dans l'air comme un parfum électrique. C'est sûr, c'est pour cette nuit. Je rentre en vitesse, je m'équipe sérieusement, je n'oublie ni la frontale ni la batterie de rechange.
Par chance, le chemin qui grimpe au cimetière juste derrière ma Guest-House présente un trou noir, une large zone sans réverbère. L'observatoire idéal pour la féerie qui s'annonce. Je plante le trépied, j'arme la caméra, ultime vérification, l'aurore encore discrète commence à montrer ses fulgurances vertes. Vite vite je remets les gants, j'éteins la frontale.
Je la trouve bien timide cette aurore, je m'impatiente et je me prend à l'invectiver « Allez, danse, danse ! », bien heureuse qu'il n'y ait personne alentours. Soudain tout se déchaîne . De toutes parts, une explosion de lumières, danse des draperies célestes, blanches ourlées de mauve, vertes en de bref éclairs, envolées sublimes. Je ne sais plus où donner des yeux. Je ne cherche même plus à retenir mes Oh ! ni mes Ah !
Clic, clic fait le timer toutes les 15 secondes, qui me rappelle de contrôler la caméra. Boum boum fait mon coeur qui bat la chamade. Les aurores s'envolent brusquement vers l'Ouest, dansant de plus belle par dessus les toits enneigés. En un éclair, elle reviennent éclairer le cimetière et ce drôle de petit canot échoué près des croix. Il a bien l'air de vouloir s'envoler sur le lit de la rivière de lumière.
Je frissonne, je ne sais plus de quel côté du chemin je suis, où est mon sac, quelle est cette vibration. Je perds la notion du temps, c'est sûr je suis à nouveau victime du vertigo polaire. De retour dans la douce chaleur de mon sweet home, je reprends lentement mes esprits. Je suis restée plus de deux heures, immobile, dans l'ivresse d'une nuit d'aurores.
Post-Scriptum, petite tentative de réponse à Pascale sur les couleurs visibles à l’oeil des aurores boréales. Les couleurs telles qu’elles m’apparaissent à l’oeil nu sont plus pâles, parfois presque blanches, mais exactement de même nuance que ce qui apparaît sur les photos qui elles sont très saturées. Je ne suis ni astrophysicienne, ni ophtalmologue...
Y aurait-il parmi mes lecteurs des savants hautement qualifiés pour nous donner une explication ?
Commentaires
Après une petite recherche :
Il en résulte que la sensibilité de l'appareil photo est beaucoup plus fine et la photo rend les images plus intenses
Merci pour ces magnifiques partages.
L'œil est l'organe de la vision. Il permet à un être vivant de «voir», c’est à dire d'analyser la lumière visible pour interagir avec son environnement.
L'œil s'adapte à la lumière ambiante. On peut ainsi percevoir avec une sensibilité équivalente en plein soleil ou sous la lumière de la pleine lune. Cette facilité d’adaptation provient de l’écartement de l’iris à la manière d’un zoom d’appareil photo.
• La perception de la couleur Le mécanisme de perception des couleurs est un processus physiologique complexe. L’œil transforme la lumière en sensation colorée grâce à la rétine. La rétine de l'oeil comporte des cellules en forme de bâtonnets et de cônes, qui fonctionnent comme des récepteurs sensibles à la lumière et à ses radiations colorées. Ils transforment l’énergie lumineuse en petites impulsions nerveuses et les transmettent au cerveau qui décode l’information et identifie l’intensité lumineuse (faible ou forte) et les couleurs reçues. Cônes et bâtonnets formant la rétine de l’œil au microscope électronique à balayage. • Les bâtonnets Les bâtonnets sont les cellules sensibles à l’intensité lumineuse c’est-à-dire au degré de luminosité. En revanche, ils ne sont pas sensibles aux ondes colorées de la lumière. Ainsi, dans un environnement faiblement éclairé ou au clair de lune, les objets paraissent grisâtres.
• . Les conditions de la vision des couleurs L’œil ne voit pas toujours la même couleur de la même manière. L'environnement a une forte influence sur notre vision. La perception des couleurs est souvent faussée parce que l'œil a tendance à "mesurer" et à évaluer la couleur d’un objet en fonction de la scène qui l'entoure. La perception des couleurs tient compte aussi des contrastes. Le contraste de luminosité L’œil s'adapte à l'intensité lumineuse moyenne d'une scène. Dans un environnement très clair, la pupille se ferme pour "réguler" le flux de lumière reçu. Dans l'obscurité, la pupille s'ouvre plus. Conséquence : la même couleur est perçue plus foncée sur un fond clair que sur un fond sombre. Le carré central semble d'un gris plus foncé à droite qu'à gauche. (Visuels extraits de pourpre.com)
Je suis impressionnée par toutes les infos sur les cônes, les bâtonnets et les ondes colorées ! Merci pour cette recherche !
Mais à la réflexion, peu importe l'explication scientifique, les videos sont tout simplement magiques et on se prend à admirer même si on ne comprend pas tout...
Merci beaucoup Dominique d'avoir filmé pour notre plaisir (et celui de nos bâtonnets et cônes) ce feu d'artifice géant au risque de prendre froid.
Rendons à César ce qui appartient... La vidéo verticale, troisième de cette publication, est l'oeuvre de Pascal, car pendant son séjour les aurores lui ont fait fête. C'est aussi Pascal qui fait les montages à partir de mes images, qui choisit les musiques et qui mets le tout en boîte !
La magicienne du grand nord a fait son œuvre ... Mais qui est elle ? La nuit ? La lumière ? Ou tout simplement notre voyageuse témoin ? Celle qui nous offre tant de beauté en quelques secondes ...
Merci .. . Mon ciel ici, ce soir est couvert , d un grand voile triste.
Merci d'éclairer ma nuit...